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8 novembre 2013Criteo, la start-up française spécialiste du ciblage publicitaire sur internet, a réussi mercredi son entrée en Bourse sur le Nasdaq de New York, son titre ayant gagné 14% par rapport à son prix d’introduction.
A la clôture de Wall Street, le cours de l’action de Criteo s’est établi à 35,39 dollars, après être monté jusqu’à 45 dollars en séance.
«CRTO»: c’est sous ce symbole que la société a introduit sur la Bourse électronique américaine quelque 8,083 millions d’actions, initialement fixées à 31 dollars. L’opération a permis à la société de lever 250 millions de dollars (182 millions d’euros), a confirmé une source proche du dossier .
A cela s’ajoute une surallocation de 1,21 million d’actions supplémentaires, disponibles pendant les 30 prochains jours, ce qui pourrait monter la somme levée à quelque 288 millions de dollars (environ 209 millions d’euros).
Le prix de lancement, au départ fixé dans une fourchette de 23 à 26 dollars, n’a cessé de grimper ces derniers jours, Criteo l’ayant ajusté à 29 dollars lundi, puis 31 dollars à quelques heures de son entrée en Bourse, preuve de l’appétit des investisseurs pour cette pépite technologique.
Fondée en 2005, la société a lancé en septembre la procédure pour se faire coter à la Bourse électronique Nasdaq. Elle avait alors indiqué vouloir lever jusqu’à 190 millions de dollars.
En janvier, le dernier de ses quatre tours de table lui avait permis de lever 30 millions d’euros auprès d’un groupe d’investisseurs menés par le Japonais SoftBank.
Si le siège social de Criteo reste installé à Paris, son cofondateur et patron, Jean-Baptiste Rudelle, avait décidé dès 2008 de s’installer en Californie, Mecque des nouvelles technologies, pour mieux s’adresser au marché américain et mondial.
Le cabinet Deloitte l’a classée l’an dernier comme l’entreprise technologique ayant connu le plus fort taux de croissance en Europe en cinq ans, soit +202,100%.
Criteo est aujourd’hui présente dans 37 pays et compte 15 bureaux à travers le monde. Grâce à ses algorithmes de prédiction, la plate-forme achète et revend en quelques millisecondes aux annonceurs des emplacements publicitaires sur internet.
Pas de «Nasdaq européen»
Des bannières publicitaires peuvent ainsi être diffusées en temps réel en ciblant finement les utilisateurs selon les sites qu’ils visitent. Ces espaces publicitaires sont ensuite facturés sur un modèle de coût par clic: les annonceurs ne payent l’hébergeur de la publicité que lorsqu’un internaute clique dessus.
En 2012, Criteo a réalisé pour 272 millions d’euros (353 millions de dollars) d’activité, en hausse de 89% sur l’année précédente. La société parisienne a dégagé dans le même temps un bénéfice net ramené à 0,8 million d’euros, contre 6,1 millions un an plus tôt, en raison d’une forte augmentation de ses dépenses administratives et commerciales.
Sur les six premiers mois de l’année en cours, l’envolée de ses ventes s’est poursuivie (+72%, à 194,3 millions d’euros), mais ses pertes se sont simultanément creusées (à 4,9 millions).
L’entrée au Nasdaq de ce joyau de la high-tech française est certes une reconnaissance pour le secteur français mais souligne de façon criante l’absence d’une place de marché européen tourné vers les sociétés innovantes.
«Nous avons été plusieurs à plaider auprès de M. Hollande la mise en place d’un Nasdaq européen» lors du déjeuner du président français le 22 octobre avec une dizaine de représentants de la filière numérique française, a indiqué mercredi à l’AFP Benoît Thieulin, président du Conseil national du numérique (CNN).
Il souligne «le problème du financement des entreprises en Europe», rappelant qu’aux Etats-Unis, une majorité d’entre elles (80%) sont financées par des fonds d’investissement «alors que c’est le contraire en Europe», où le financement se fait principalement via des prêts bancaires.
«L’écosystème est entièrement à créer en Europe concernant les formes de financement des entreprises du numérique. Mais on se réjouit du succès de Criteo et il faut aussi souligner que c’est une force pour la France d’avoir des champions tels Criteo mais aussi CDiscount ou venteprivée.com. Car il n’y a pas, par exemple, de Criteo allemand ou de CDiscount italien», juge Benoît Thieulin.
Thierry Barbaut
Avec AFP