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3 avril 2012Tablettes et téléchargements trop chers? Réticence devant la dématérialisation? Alors que les ventes d’e-books décollent aux États-Unis, elles restent insignifiantes en France. Mais jusqu’à quand?
Le livre n’a pas attendu d’être numérique pour exister. C’était un objet parfait. L’industrie et le marketing mondialisé en ont décidé autrement. Déjà, dès 1995, avec le cédérom, les ventes d’encyclopédies sur papier s’étaient écroulées. Les revues scientifiques, pourtant chères, ont suivi avec Internet. Et voilà qu’Amazon a annoncé qu’en mai dernier la vente de livres numériques avait dépassé aux USA celle de livres papier (dont la vente a progressé aussi). L’affirmation est invérifiable, mais suffit à raviver les charbons ardents sous les pieds des éditeurs et des libraires.
Les premiers tentent de rattraper ce qu’en langage commercial on appelle le «temps perdu», et les seconds de s’adapter, pour éviter de mettre la clef sous la porte. Lors d’un débat à la Documentation française, François Maillot, le confiant patron de la librairie La Procure, a martelé: «Nous ne vendons pas du papier, nous vendons des livres !» Christine de Mazières (Syndicat national de l’édition) a déclaré, elle: «Le marché du livre professionnel est dominant. Le marché grand public, lui, est peu de chose : 18 millions d’euros de CA sur 2,8 milliards au total.» Soit 0,64 %… «Mais on ne parle que de ça…»
C’est que la France traîne les pieds, témoin la rentrée littéraire, qui s’est faite en l’absence presque complète du numérique. Xavier Garambois, DG d’Amazon France confesse à le.buzz.media.fr: «Pour l’instant, je ne suis même pas sûr que cela se compte en pourcentage.»
Aux États-Unis, l’agonie des libraires
Le Guardian de Londres a compté qu’entre 2001 et 2010, les ventes de livres en Grande-Bretagne étaient passées de 162 à 229 millions. 42% d’augmentation au cours d’une décennie qui a vu l’explosion d’Internet et du livre électronique, ce n’est pas si mal. Il est vrai que, tandis que Barnes & Noble, la première chaîne américaine de librairies (celle-là même qui a créé sa tablette Nook), affirme que ses ventes en ligne de livres ont progressé de 20%, et que la proportion du livre numérique par rapport au papier est de trois à un, Borders, la deuxième, fait faillite et ferme ses 399 magasins.
On prévoit que l’e-book prendra 20% du marché mondial d’ici à 2015 (évaluation de Bain et Co). Quatre des meilleures ventes japonaises de fiction sont des livres postés sur des sites de partage, lus sur téléphone portable avant d’être imprimés. Parfois écrits directement sur un téléphone. Cela s’appelle des keitai shosetsu. Un trajet en bus, une pose thé? Un «chapitre». On peut écrire à l’auteur pour lui suggérer des modifications, des orientations… Lui-même sait si son lectorat augmente ou diminue, et réagit en conséquence. Aimez le ciel a été lu par vingt millions de Japonais. Mais l’amusant est que Deep Love, qui a connu un succès plus important encore (converti en film, en émissions de télévision, en manga), s’est vendu sur papier à 2,5 millions d’exemplaires.
A la suite des éditeurs américains qui ont permis que 750.000 titres soient disponibles sur la liseuse Kindle d’Amazon, les Français s’y mettent, mais lentement; et dans un TGV ou un avion, personne ne lit sur tablette. La grande librairie Kléber de Strasbourg explique qu’il ne représente qu’une part à peine quantifiable de leurs ventes (0,01%). Une borne de téléchargement a été installé dans leur magasin: en un an, un seul client! Sur son site, les ventes de livres papier progressent de 17% en un an (3.700 achats en 2010), mais les commandes de livres numériques ne dépassent pas deux ou trois par jour.
Au Furet du Nord, on incrimine plusieurs facteurs, dont la loi Lang: «Elle a sauvé beaucoup de choses, cette loi, mais elle pourrait bien freiner l’essor du livre numérique. Nous en avons vendu dix fois plus que l’an dernier, mais même si on en avait vendu cent fois plus, la différence ne serait pas grande… Payer si cher un fichier impalpable est dissuasif. Mais attendons le nouveau Kindle d’Amazon, qui pourrait débloquer la situation par le biais de la technologie…» (Lequel nouveau Kindle, outre d’être triste comme un jour sans pain, n’est pas tactile. Pour annoter un texte, il faut sélectionner une lettre après l’autre, en déplaçant un curseur – autant dire qu’on n’annotera jamais.) Et chez Mollat, à Bordeaux, on ironise un peu: «Le livre numérique est ce qu’on appelle pudiquement un « marché en devenir »…»
Les deux supports cohabiteront, mais les ventes de numériques exploseront, affirme Laurent Laffont (JC Lattès): «Pour l’instant je ne vends que 1000-2000 exemplaires des grands romans populaires (Dan Brown, Patterson) que je publie. L’explosion sera due moins à l’objet tablette, auquel de toute façon les enfants ont et auront recours par réflexe, qu’à la fantastique puissance marketing des grands groupes, capables de vous suggérer des achats qui correspondent à vos goûts. Figurez-vous qu’il m’arrive de me faire proposer personnellement par Amazon des ouvrages anglais que j’avais justement en lecture comme éditeur. Savez-vous qu’ils emploient deux cents mathématiciens pour améliorer les algorithmes qui permettent de vous cibler le plus précisément possible ?» Déjà, le navigateur de la nouvelle tablette Kindle Fire, Amazon Silk, est accusé de pister l’internaute.
Les e-books: encore trop chers
CHIFFRES
En France, l’e-book n’atteint pas 1% du chiffre d’affaires de l’édition. Aux Etats-Unis, la proportion d’e-books a progressé de 2% en quelques mois, passant de 6% à 8% des ouvrages grand public vendus. Le best-seller de Jonathan Franzen, «Freedom», a été téléchargé 300.000 fois (légalement), pour 1 million d’exemplaires sur papier.
Olivier Orban (Plon) annonce: «Un auteur qui ne sera pas dans l’Apple store sera un auteur mort. Dans cinq ans, le numérique fera 20 ou 30% du chiffre d’affaires. Pour l’instant, les supports sont trop chers, et les accords de distribution ne sont pas signés.» L’offre est faible. Jusqu’à une date récente, la France avait trois plates-formes de distribution: Numilog (Hachette), Eden-Livres (Gallimard, Seuil, Flammarion…) et e-plate-forme (Editis: Laffont, Plon…). Mais Flammarion vient de signer un accord avec Amazon et Apple. Les autres suivront.
Par ailleurs les livres électroniques sont chers. Garambois (Amazon) affirme: «Si le prix de l’e-book ne décroche pas, le marché ne décollera pas.» En France la TVA sur le livre électronique est de 19,6%, mais elle passera dès 2012 à 5,5%, comme sur les livres papier; mais Jacques Toubon, qui œuvre pour que l’Europe s’aligne sur la France, n’a pas encore gagné la partie. Pendant ce temps Amazon a raflé le marché en vendant à perte. En mai dernier le Parlement a voté une loi qui étend la loi Lang au livre numérique, même vendus de l’étranger, et qui s’appliquera en novembre. Cela signifie non que le prix est le même pour le papier et la liseuse, mais qu’il est fixé par l’éditeur. Un livre numérique coûtera, selon les estimations, entre 15 et 25% moins cher. Orban ajoute: «De toute façon le prix unique sautera un jour ou l’autre.»
Les tablettes sont hors de prix, bien qu’il en existe d’exclusivement liseuses (Colorebook de Mpman à moins de 100 euros). Mais la petite liseuse Nook est passée de 249 à 139 dollars (de 180 à 100 euros) en moins de deux ans (la tablette Nook en couleur: 249 dollars, 180 euros). Et la nouvelle Kindle Fire est annoncée à 148 euros (en fait 199 dollars: c’est un prix quasi cassé, puisque le coût des seuls composants, d’après IHS Isupply, se monte à 191,65 dollars – avec le montage: 209,63!). D’après les analystes, il faudrait qu’elle descende à 50 euros pour devenir vraiment populaire. Alors tout le modèle économique changera. «Et l’on ne sait pas de quoi il sera fait», poursuit Orban.
Les victimes: les distributeurs papier, les imprimeurs, les libraires, le livre de poche. «Pourquoi continuerions-nous d’imprimer sans savoir à combien il faut tirer, de stocker 6 ou 7 millions de volumes dans des hangars, de payer des représentants, et de recevoir les invendus des libraires ?» Il faudra aussi qu’elles soient de bonne qualité: «Actuellement, dit Catherine Cussigh (développement Hachette), on manque encore de bonnes liseuses pas chères. Le Fnac book, pardon, c’était épouvantable, et la Sony, je n’ai jamais pu lire un livre dessus. Par rapport au Kindle, il n’y a pas photo !»
Les applications: une solution qui marche
Or les ventes de tablettes, par rapport aux ordinateurs, suivent des courbes ahurissantes. On prévoit qu’en 2011 les tablettes passeront de 17 millions (2010) à 69 millions, et qu’il s’en vendra autant que de PC dès 2013. Déjà le ministre de l’enseignement supérieur Laurent Wauquiez «espère» que 10.000 étudiants achèteront son iPad ou un Galaxy à un euro par jour pendant deux ans (soit 730 euros, avec engagement exclusif auprès d’Orange). Parallèlement, les petites applis prennent et prendront de plus en plus le pas sur le Web (carrément condamné par le magazine américain Wired) : sur une tablette, on les emploie à 56%, contre 9% seulement pour le Web.
Tout cela tend à prouver qu’une petite application bien faite permettant téléchargement, achat instantané et lecture d’un livre devrait faire rebondir le marché. Chez Gallimard Jeunesse, on constate que les livres repris en numérique (plus ou moins enrichis pour l’occasion) sont d’une vente confidentielle, alors que les applications, pensées dès le départ comme telles, qui ne sont donc ni livres, ni séries animées, marchent très bien (plusieurs milliers d’exemplaires). «Et de cette manière, dit Edwige Pasquier, nous amenons à la lecture ceux qui n’y étaient pas, nous y ramenons ceux qui l’avaient quittée, et nous conservons ceux qui lisaient. Car papier et numérique sont complémentaires. Lorsque nous concevons, publions du numérique, nous restons éditeurs.»
Il est possible, probable, et peut-être souhaitable que, pour échapper à la loi Lang, et en même temps exploiter les possibilités de l’informatique mobile, l’on choisisse de privilégier ces applications au détriment des livres numériques. Ainsi, les guides de voyages (7 millions d’exemplaires par an), lorsqu’ils se transforment en applications avec visite guidée du quartier, commentaire audio du monument, informations diverses sur le tableau qu’on regarde, le restaurant qu’on recherche pas loin, se prête à cette forme d’application.
Chez Gallimard, on fabrique cet objet qui n’est plus un livre et n’a pas encore de nom (d’ailleurs le Kindle n’a pas de genre: masculin, féminin?). Il s’en vend entre 2.000 et 3.000 exemplaires, à 3,99 euros la version payante (une version gratuite existe, qui se limite à un seul quartier de la ville, et qui est téléchargée cent fois plus). Mais la réalisation de l’appli coûte entre 20.000 et 25.000 euros (sans compter l’investissement de la version papier, réalisée en amont) ; il faudrait en vendre beaucoup.
Line Karoubi explique: «Dans le cas d’une application iPhone ou iPad, la question cruciale est celle de la visibilité. L’appli est perdue parmi les centaines de milliers d’autres. Il faut donc trouver des astuces pour la faire remonter dans la liste: en la modifiant constamment, en la mettant à jour, en la lançant sur les réseaux sociaux, en trouvant des partenaires connus, en ajoutant des gadgets – et cela, les éditeurs ne sont pas toujours compétents pour le faire…»
Nous nous demandons encore si l’e-book a de l’avenir en France. Bientôt, la génération montante prouvera le mouvement en marchant, et ne se posera même pas la question. Les enfants seront nés avec des tablettes dans les mains, comme ils naissent déjà avec une souris et un téléphone portable.
Dans l’appli Les Trois Petits Cochons, l’enfant touche les personnages pour les faire parler, souffle dans le micro pour permettre au loup de souffler sur la maison de paille, envoie les personnages dinguer en l’air, déplace le décor (en 3D), et c’est plein de musique, de bruits rigolos… Dans La Coccinelle, selon le principe de la collection, on soulève les élytres pour faire apparaître les ailes, ou les feuilles pour voir les larves, on dirige l’insecte pour l’aider à boulotter les pucerons, c’est tout juste si on ne la sent pas s’agripper au doigt.
Tout cela est exquis, intelligent, bien fait, pas écrasant du tout. Evidemment, pour ce qui est de crayonner partout, d’arracher la couverture et de la mâchouiller, il faudra revenir au bon vieux carton. N’importe : ce produit nouveau, qui doit peu au livre et beaucoup à la technologie, a sans doute un avenir, porté par une nouvelle générations de «créatifs», nouvelles stars.
Demain Amazon partout?
Certains éditeurs sont enthousiastes. Jean di Sciullo (Democratic books): «Toutes les expériences de création sont devant nous. Nous allons trouver de nouvelles formes, nous allons vers le livre machine, et non vers une simple copie conforme de l’objet existant.» Compte-t-il en vendre autant que des livres papier ? «Beaucoup plus ! Tout le modèle économique va changer. Le livre en France va perdre 30% très vite, et puis 50% dans cinq ou dix ans. C’est d’ailleurs ici qu’Amazon va installer ses équipes.» Pour un livre d’art, la qualité du numérique est suffisante? «On a fait des progrès considérables, et la dernière version de l’iPad est exceptionnelle, avec son rétro-éclairage.»
Amazon, avec sa liseuse, est sans doute loin des 4 millions d’iPad. Mais il a triplé ses chiffres de vente en un an. Le Kindle Fire sera une tablette tactile, plus petite, dotée des seules fonctions essentielles, et peu gourmande: «Presque un mois d’autonomie de batterie » dit Garambois, qui confirme que le prix unique, qui existe dans 21 pays d’Europe mais pas aux USA, est un frein à son développement ici.
C’est aussi la guerre des formats, la tour de Babel des temps modernes. Epub, par exemple, le plus souple, est bon pour du texte courant, mais est inopérant face à des mises en pages élaborées, des illustrations ou des textes techniques. Amazon a créé le sien, AZW, Arghos est sous AEH, celui de Sony s’appelle LRX, et ainsi de suite, tous étant plus ou moins incompatibles.
Le PDF est à peu près universel, mais sa rigidité le rend étranger au concept même de livre numérique. Les tablettes sont lourdes à tenir, et l’on attrape des crampes (même la petite liseuse de Sony pèse 155 g, le poids d’un Folio moyen. La Kindle Fire pèsera 414 g)… Lorsqu’on lit Les Bienveillantes, on peut l’admettre, mais pour Indignez-vous, c’est un peu injuste. Certains formats sont hyper-protégés, et la loi Hadopi n’autorise que cinq installations de l’ouvrage. Après quoi, il faut le racheter… Catherine Cussig répond: «On peut imaginer mille solutions. On parle de livres numériques chrono-dégradables…» Effrayant. Des livres chrono-dégradables ! On pensait le livre chrono-résistant.
L’écrivain Hervé Le Tellier résume bien la situation: «Je suis un fan de l’iPad, mais je ne lis pas tant de livres que cela sur ce support. Je télécharge des livres anciens, mais pas de nouveautés en e-books. Ils sont trop chers, et leur portabilité n’est pas garantie. Mais j’ai vendu les droits d’un de mes livres aux USA, où il n’existe que sous cette forme. C’était un tout petit livre, qu’ils vendent 0,99 dollar, et sur lequel je touche la moitié. J’en ai vendu 3.000 – et j’ai gagné plus d’argent qu’en France…» Mais à L’Harmattan, on propose la totalité du catalogue numérique par abonnement de 19 euros mensuels – qui sert de base au versement de droits d’auteur, au prorata du temps de connexion. Très nettement, l’accès à l’ouvrage est privilégié par rapport aux droits d’auteur.
Il faut à cet égard rappeler qu’une lutte sourde oppose la simple liseuse et la tablette tactile. Une liseuse est plus légère, moins chère. Mais la tablette est multimédia, connectée, en couleur, et contient une liseuse, en quelque sorte. Autrement dit, pourquoi avoir une liseuse alors que la tablette peut plus? C’est alors que le danger survient: lire en étant connecté, c’est-à-dire s’interrompre pour lire un mèl, lui répondre, éventuellement cliquer sur le lien envoyé, regarder une vidéo, et ainsi de suite. Le livre était aussi un refuge dans la solitude, la concentration. Voilà qu’il cède lui aussi devant la tentation de la dispersion systémique. Le nouveau jogging intellectuel du dimanche matin va-t-il donc consister à passer une heure sans connexion Internet?
LES PLUS
Un livre numérique ne fait pas que copier le livre papier: il peut comporter des enrichissements considérables: accès instantané à un dictionnaire, changement de police (et de taille de caractères), table des matières interactive, liens directs avec des banques d’images ou de sons, de vidéos ou de documentation…
En termes de livres numériques, la France est censée emboîter le pas aux USA. «On ne va pas contre l’évolution technologique», dit Catherine Cussigh. Partout, l’on prédit que la Kindle Fire sera le cadeau de Noël 2011. Est-ce suffisant pour qu’elle le devienne ? Les USA ont toujours quelques années d’avances sur nous, dit-on toujours, et ce qui est mûr là-bas est naissant en France.
En effet, le phénomène s’est produit ; mais enfin, les Américains ont bien le droit d’avoir leur histoire à eux, et, que l’on sache, nous n’avons jamais massacré d’Indiens après qu’ils eurent exterminé les leurs, ni prohibé le gros bleu qui tache, ni jeté aucune bombe atomique sur personne. Il entre peut-être dans la nature d’un livre d’être plus ou moins épais, plus ou moins âgé, grand ou petit, rouge ou blanc. Rien ne s’oppose donc, en principe, à ce qu’un objet qui triomphe là-bas fasse un flop ici. En principe.
Car s’il est assez piquant d’observer qu’on s’émerveille de pouvoir tourner les pages d’un «livre», de l’annoter, ou d’y glisser un signet, toutes choses qu’on faisait depuis des siècles – et sans batterie à charger, sans connexion Internet, sans avoir, si vous êtes Apple, à entretenir le moindre commerce avec iTunes, sans conteste le logiciel le plus monstrueusement stupide qu’on ait jamais conçu, c’est comme si nous n’avions pas notre mot à dire : nous lirons des livres sur des tablettes non parce que nous les attendions, mais parce qu’il en a été décidé ainsi. La messe est dite. Cela s’appelle la servitude volontaire.
Amazon, 37.000 salariés, 34 milliards de dollars de chiffre d’affaires, 80% des ventes de livres sur Internet, non content de commercialiser les ouvrages, d’héberger les ventes de 2 millions de sociétés, de prendre 30% des profits des éditeurs, et de laisser croire qu’on attendait son Kindle 2 en se rongeant les ongles, Amazon se lance dans l’édition. Pour que la boucle soit bouclée, il lui suffira d’être auteur. Nous lirons sur des tablettes Amazon des livres écrits par Amazon, développés dans un format Amazon, publiés par Amazon, vendus par Amazon sur le site Amazon avec le logiciel Amazon. Comme disait le président Mao, notre avenir est radieux.
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