Révolution digitale en Afrique ? Écosystèmes, applications mobiles et cartographies
18 juillet 2016Le mobile money transforme l’économie informelle en Afrique
6 novembre 2016L’innovation numérique en Afrique représente un marché colossal qui place au centre du jeu la valorisation du capital humain
Vecteur d’emploi, ce sont les centaines de milliers et bientôt les millions de jeunes sur le continent qui doivent profiter de cette effervescence.
Cette innovation se développe sur des marchés structuraux comme la santé, l’énergie, l’éducation… Des secteurs qui affichent justement une croissance record en Afrique.
Des exemples concrets mêlant innovation, mobile et collaboratif
Pour bien comprendre ce processus, prenons deux cas concrets comme le mobile banking au Kenya dont les chiffres parlent d’eux-mêmes : 2,5 millions de transactions par jour et 30% (en 2013, cela a progressé depuis) du PIB sont réalisés sur M-Pesa, la solution de paiement mobile de l’opérateur Safaricom.
Un autre exemple est la m-farm pour « ferme sur mobile » ou parfois évoqué comme « Agri Business » : des SMS sont envoyés à des millions d’agriculteurs en Afrique tous les jours à l’aube leur mettant à disposition les cours des produits qu’ils cultivent. Des utilisateurs qui peuvent répondre à ces messages en indiquant le prix auquel ils auront vendu le mil, le sorgho ou le manioc. Ils deviennent ainsi des analystes et bénéficient concrètement d’un équilibrage des prix entre le producteur et le consommateur. Les intermédiaires ne peuvent plus tricher.
Les perspectives qu’offrent les mobiles et le compte en banque sur mobile sont l’accès à de véritables opportunités de développement jamais mises à disposition des populations isolées: l’investissement par le crédit, l’assurance, l’épargne. Une révolution en Afrique où seul 20% du milliard d’habitants dispose d’un compte en banque. Le mobile devient plus qu’un outil multitâche, il se transforme en carte d’identité économique.
« Imaginons les perspectives qu’offriront ces applications avec le renouvellement des téléphones ancienne génération par des smartphones. Ce sera la démocratisation de la cartographie, de la gestion des stocks et ainsi de la logistique ouverte à un potentiel d’un demi-milliard de clients »
Une innovation internationalisée «agile » ?
Dans ce contexte, la réplicabilité devient un enjeu d’innovation particulier. Qu’elle soit locale ou internationale, elle touche les 54 pays du continent, qu’elle relie entre eux, mêlant des cultures, des contextes et des économies diverses. Cela contribue à faire de l’Afrique un incroyable incubateur en temps réel et de l’innovation africaine une innovation vernaculaire, forgée par et pour les Africains tant les spécificités culturelles et sociales sont prédominantes.
En voyageant de pays en pays, du Maghreb à l’Océan Indien, de Dakar à Nairobi en passant par l’incroyable dynamisme de Kigali, on constate l’incroyable contraste entre des déserts numériques et des écosystèmes dynamiques. Des hubs émergent, signes qu’une troisième révolution industrielle a leapfroggé la seconde : l’Ethiopie et Kigali pour les investisseurs d’Afrique centrale, Dakar pour le web, Lagos pour les services…
L’innovation s’étend de région en pays et transforme radicalement l’économie informelle qui représente 70% des échanges en Afrique
Les Africains sont maintenant connectés par la fibre en ville ou en clef/point d’accès mobile 3G en brousse. Les nouveaux modes de transactions et de commerces virtuels permettent la sécurisation et la traçabilité des échanges, un avantage significatif dans des zones où le cash pose des problèmes de sécurité et où les commerçants se déplacent perpétuellement !
Le E-commerce ou plutôt le M-commerce vient ainsi supplanter un modèle de distribution qui n’avait pas fait ses preuves. C’est avec du click & collect ou du HTTPS que les africains consomment aujourd’hui! Dans des pays où moins de 4% des villes sont équipées de supermarchés, le mobile devient le relais entre les consommateurs et les plateformes comme Jumia ou Cdiscount. Ceux-ci deviennent les nouveaux commerçants en synergie avec les gigantesques et grouillants marchés africains : ils ont compris que pour séduire en Afrique, il faut développer du « local » avec l’inébranlable « bouche à oreille » et avec des marketeurs « made in Africa”…
Les entreprises étrangères qui tentent de développer des technologies de services échouent quand elles n’embauchent pas des équipes locales expertes. La clef de l’internationalisation des innovations passera donc nécessairement par du “made in Africa” et de la montée en compétences des acteurs locaux. Le continent, dont 60% de la population a moins de 20 ans, parviendra à relever le défi de sa croissance en favorisant la formation de sa jeunesse et la valorisation d’écosystèmes locaux!