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23 janvier 2013Un an après la fermeture de Megaupload, l’exubérant entrepreneur allemand lance samedi un nouveau site de téléchargement, qu’il a conçu pour être invulnérable.
Le monde entier a découvert son visage le 19 janvier 2012 lorsque, des policiers néo-zélandais armés, appuyés par des hélicoptères et aiguillés par les renseignements américains, l’ont délogé de sa somptueuse villa des environs d’Auckland
Un an jour pour jour après la fermeture de son site Megaupload, Kim Dotcom revient pour se venger. À 18h48 précises ce samedi (6h48 en Nouvelle-Zélande), le nabab du téléchargement sur Internet a lancé un nouveau service, Mega, qu’il veut cette fois totalement invulnérable.
Kim Dotcom a appris de ses erreurs. L’épaisse enquête de deux ans conduite contre lui par le FBI et la justice américaine l’a accablé de preuves. Selon l’accusation, il avait parfaitement conscience que des centaines de milliers de films, de séries télévisées et de musiques étaient illégalement stockés sur ses serveurs et téléchargés par des internautes du monde entier. Cette activité aurait permis à son équipe d’amasser 175 millions de dollars, grâce à la vente d’abonnements et l’affichage de publicités. Le manque à gagner pour les ayants droit dépasserait 500 millions de dollars.
Avec Mega, Kim Dotcom affirme qu’il lui sera techniquement impossible de surveiller les téléchargements. Les fichiers vont être encryptés avec un niveau militaire. À celui qui les charge de partager, ou non, une clé secrète permettant de les décoder, et d’endosser toute responsabilité juridique. Pour faire bonne figure, Mega multiplie les encouragements à respecter les droits d’auteur.
Le site se présente par ailleurs comme un banal espace de stockage personnel, à la manière de Google Drive et de Dropbox. Chacun de ses membres disposera d’un espace de gratuit de 50 Go, extensible grâce à des formules payantes. C’est dix à vingt fois plus que ses concurrents.
«Changer le monde»
La communication autour de Mega a été minutieuse. Depuis plusieurs mois, des révélations s’enchaînent sur l’arrivée de ce nouveau service. Avant d’ouvrir, un compteur sur le site égrenait le nombre de jours avant que le nouveau site vienne «changer le monde». La semaine dernière, une distribution d’invitation pour la soirée de lancement dans la capitale a tourné à l’émeute.
Dès vendredi, des sites spécialisés qui ont obtenu des accès en avant-première se sont empressés de livrer leurs premières impressions (sur Clubic et PCInpact, par exemple).
Kim Dotcom, qui aura 39 ans lundi, prend toujours autant plaisir à se mettre en scène. Libéré sous caution, il reste assigné à résidence, tandis qu’une bonne partie des actifs est toujours gelée. Alors il s’épanche sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, où il a franchi les 200.000 abonnés, il se pose en défenseur des libertés sur Internet, face à l’administration américaine inféodée aux industries culturelles et flirte allègrement avec la mégalomanie. «Je ne me bats pas seulement pour moi-même, mais pour les droits de chacun», dit-il.
Si sa popularité a monté en flèche, Kim Dotcom est sous le coup d’une demande d’extradition des États-Unis. Il encourt jusqu’à 55 ans de prison pour violation massive du droit d’auteur, blanchiment d’argent et racket.
La procédure, freinée par de nombreux recours et de victoires de la défense, doit reprendre en août. Kim Dotcom, d’ici là, souhaite lancer son autre arme contre les industries culturelles. Une nouvelle plate-forme de musique en streaming, Megabox, qui reversera l’essentiel des revenus aux artistes.
Thierry Barbaut