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29 décembre 2012Le célèbre moteur de recherches vient de lancer une fonctionnalité -le Knowledge Graph- qui, une fois encore, révolutionne notre représentation de la recherche et de l’affichage des résultats. Qu’en est-il et quelles seront ses évolutions ? Décryptage.
C’était une des annonces de l’édition 2012 de LeWeb : Google vient d’annoncer la mise en place du Knowledge Graph sur la version française de son moteur, après avoir déjà implémenté cette fonctionnalité sur d’autres versions linguistiques, dont notamment le site US. En résulte un nouvel affichage des page de résultats, et une fiche de résultats structurés. Mais jusqu’à quel point est-ce vraiment révolutionnaire ?
Le Knowledge Graph décrypté. L’objectif du Knowledge Graph, ou graphe de la connaissance, est de proposer une réponse structurée correspondant à la requête de l’utilisateur, plutôt que de simples liens vers des sites comme le font traditionnellement les moteurs. Pour composer cette réponse complète, le principe choisi par Google est d’agréger les informations de façon structurée au sein d’une « fiche » informationnelle, tout en proposant des liens relatifs pour prolonger. Si l’objectif est ambitieux, notamment pour les homonymes ou résultats multiples, l’annonce est plus stratégique que technologique : Google, qui a la réputation d’afficher le moins possible d’informations inutiles, nous rajoute une box d’info. Analyse de ce qui change dans l’affichage des résultats.
Comme on peut le voir pour l’affichage des résultats correspondant à Isaac Asimov, la nouvelle recherche de Google affiche des changements à plusieurs niveaux :
Affichage structuré. Lorsque l’on effectue une recherche, les moteurs nous renvoient généralement une liste de résultats idéalement organisés par ordre de pertinence. Avec le Knowledge Graph, le moteur de recherche se transforme en moteur de réponse. C’est-à-dire qu’il affiche une information organisée et structurée autour du sujet que l’on recherche (voir aussi: recherche sur Hambourg, à droite).
Fonctionnement. Chaque « recherche » sur des noms de personne, de lieu ou d’œuvre artistique voit afficher sur la partie droite de l’écran un début d’information générique ainsi que des liens pour prolonger. A la différence des liens classiques, renvoyant directement vers des sites externes, Google introduit ici des liens internes, permettant d’affiner la recherche sur le moteur, avant d’en sortir et aller sur le site de « résultat ».
Nouvelle mise en page des résultats. La page de résultats a été modifiée, divisée en 2 colonnes : > à gauche les résultats « classiques » > à droite la présentation visuelle et structurée de ce qui est recherché. NB: le bloc de droite n’est présent que sur la page 1 de résultats, et ses liens renvoient principalement vers d’autres pages de résultats de Google. Une mise en page « osée » quand on sait que Google a toujours fait en sorte d’afficher le moins possible d’informations inutiles.
Ce format en 2 pages n’est pas sans évoquer l’affichage choisi par Twitter, et marque aussi une évolution vers un site plus convivial, orienté tablette. Sur mobile, il n’y a qu’une seule colonne, la « fiche de résultat » apparaissant après 2 résultats de la recherche.
Ce qui change vraiment avec le Knowledge Graph.
Google nous propose donc une fiche de résultats structurée et avec des informations clés. Mais quels sont les enjeux à terme ?
L’utilisateur en premier (user first). C’est un truisme, mais Google essaie de satisfaire davantage l’utilisateur, ce qui constitue d’ailleurs la marque de fabrique de la firme de Mountain View. Lui simplifier l’usage du moteur et des autres produits et services, c’est le fidéliser, notamment avec les nouveaux terminaux mobiles et éventuellement avec ceux qui suivront comme Glasses.
Google renforce sa position d’infomédiaire. Si Facebook a le milliard d’utilisateurs sociaux actifs, Google reste le garant de l’accès à l’information, du rêve informatique, du traitement automatique de l’information par des ordinateurs pour réorganiser voire créer l’information. Ce traitement automatique -s’appuyant sur des données saisies par des humains- confère également à Google la fonction de curateur d’info.
Le moteur devient producteur d’information. Au sens latin, informare signifie « mettre en forme ». En proposant des contenus sans cesse améliorés, Google passe de l’indexation à la prescription. Pour exemple, Google Images permet, avec les bons mots-clés, d’avoir une vision panoramique d’un évènement, comme l’illustre cet exemple d’un manifestant nu chevauchant la statue du Duc de Cambridge.
Google, référencement et web sémantique. Les experts du SEO le savent, chaque modification de Google annonce ce qu’il faut faire pour être bien indexé. Le Knowledge Graph pose l’avènement du web sémantique, structuré grâce à des balises html plus précises, et devrait inciter les responsables de sites (qui veulent être bien indexés) à adopter les syntaxes sémantiques pour structurer leurs données.
Valorisation du contenu de Google. Vers plus d’éditorial ? Ou de shopping ? Le Knowledge Graph permet de réorganiser le contenu dont dispose Google. Toute personne qui a déjà rédigé les spécifications d’un moteur de recherche interne sait qu’il y a deux enjeux majeurs : s’assurer de la pertinence des résultats et présenter d’autres contenus structurés pour renvoyer l’utilisateur vers des zones organisées (diaporama, dossiers…). C’est là une des innovations majeures de Google qui adopte une posture de site éditorial et non de moteur. Maps. Sur la recherche Hambourg, le plan de la ville renvoie vers Google Maps. Google+. Pour la recherche Skyfall (ci-contre), le Kowledge Graph affiche du contenu provenant de Google+. Images. Pour chaque requête, le moteur récupère également du contenu visuel issu de Google Images. Globalement, les informations génériques utilisables sont infinies, Google affichant par exemple la météo et l’heure locale pour la recherche Hambourg. Et pour chaque lieu d’intérêt proposé dans la fiche « Hambourg », Google affiche le plan, l’adresse, les horaires, le téléphone. Bref, le moteur anticipe sur les besoins des utilisateurs. Et les autres services ? Personnellement, je trouve que ça manque de vidéo, et d’autres fonctionnalités proposées par le moteur, notamment sur les terminaux mobiles. Peut-être verra-t-on rapidement une V2 ?
Consolidation de la relation Google-Wikipedia ? Pour renseigner ses fiches, Google puise dans diverses bases sémantiques, dont le CIA FactBook et Freebase, un site participatif de connexion sémantique du web, racheté par Google en 2010. Mais l’observation montre que c’est avec la plateforme Wikipedia que le moteur a tissé les liens les plus forts. La plupart des biographies et des sources d’informations utilisées par le Knowledge Graph sont directement issues de l’encyclopédie participative, ce qui pourrait poser des questions de maintenance si du contenu est modifié sur Wikipedia. C’est pourquoi il doit s’agir d’une situation gagnant qui permettra peut-être à l’encyclopédie participative de résoudre ses levées de fonds annuelles.
Publicité. En retenant l’utilisateur sur son moteur, Google dispose ainsi d’un plus grand inventaire pour vendre ses espaces publicitaires. Les coûts de déploiement seront donc compensés par les rentrées publicitaires.
Nouveaux usages. C’est essentiellement du côté des nouveaux usages qu’il faut chercher pour comprendre l’impact de cette nouvelle présentation des résultats. Si vous suivez les Inside Search ou lisez Matt Cutts, Dan Sullivan ou SearchEngineLand, vous avez une longueur d’avance… Prédictif. Le Knowledge Graph par définition s’intègre dans l’objectif de Google, que Marissa Meyer décrivait, il y a quelques années, comme que la capacité du moteur à prévoir et savoir ce que l’on recherche avant même qu’on le recherche (notamment grâce à l’historique de recherche des utilisateurs https://www.google.com/history/?hl=fr). Accéléré. Comme Google vise ses utilisateurs mobiles et nomades, il privilégie les pages légères. Et grâce à la technologie Instant Pages, les pages sont pré-chargées, ce qui améliore l’expérience utilisateur. Simplifié. Le Knowledge Graph vise les nouvelles générations qui utilisent un terminal mobile, ne saisit plus une requête texte mais audio… voire de nouveaux terminaux comme les futures lunettes Google ou autre.
Google produisait du sens. Dorénavant il le structure. Il est à parier que les usages futurs des moteurs de recherche s’affranchiront du texte, et se feront grâce à la voix (une technologie déjà proposée pour tous les terminaux), notamment en situation de mobilité. La possibilité d’avoir du contenu structuré permet de cliquer simplement sur une icône ou un lien plutôt que de saisir un complément de texte pour affiner ses résultats. Un son ou un clin d’oeil (sur Glasses) seront aussi possibles. C’est donc un nouveau pas vers la recherche de demain…